La vie est chaude, de Dominique Sampiero

   En 2014, Dominique Sampiero, écrivain, scénariste et poète, se voit remettre le Prix Robert Ganzo, pour l’ensemble de son œuvre ainsi que pour son recueil « La vie est chaude« . Cet ouvrage avait été publié en 2013 par Bruno Doucey. À l’époque, je m’étais empressée de l’acheter, appréciant beaucoup  cette maison d’édition. J’avais été conquise par ce petit livre d’une quarantaine de pages, que j’avais même eu la chance de me faire dédicacer lors d’un salon du livre lillois.

Nombreux sont les écrivains qui, par le roman, la poésie ou le théâtre, ont osé explorer le thème de la fin de vie. Moins nombreux sont ceux qui parvinrent à l’évoquer sans romantisme, mais en regardant la mort avec humilité, en prenant le risque de se dénuder face à elle.
Dominique Sampiero a relevé le défi. En alternant vers et prose, il plonge au cœur de la nuit pour en décrire toutes les nuances, et partager avec une immense sensibilité cette expérience difficile mais inévitable qu’est le deuil.
J’ai été immédiatement séduite par cette écriture délicate, pleine de silences qui en disent long. Les vers sont courts mais possèdent une force qui rappelle les haïkus, et touchent toujours juste.

« Nuit perd la tête
et toute sa peau
dans les miroirs »

« Qui a vu la nuit sait presque tout
du chemin

Avant de parcourir ma nuit
j’étais la nuit »

Ce tout petit recueil est comme un fragment de soleil au fond de la nuit. Comme un ouvrage qui nous permettrait d’apprivoiser la mort, pour mieux apprendre à vivre.

« Le deuil est un long retour de l’âme dans le corps de celui qui reste, marquée au fer par la nostalgie du départ. Dans les premiers chagrins, on ne pleure pas quelqu’un. On pleure d’être resté. »

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À noter que ce recueil fait partie de la collection « Embrasures » chez Bruno Doucey, dont j’affectionne particulièrement la devise : « Ouvrir à tous la porte de la poésie sans en perdre l’incandescence ».