Entre Prévert et moi, il y a une grande histoire d’amour (dont il ne sera, hélas, jamais au courant). Comme beaucoup, j’ai découvert quelques-uns de ses poèmes à l’école primaire. Puis je les ai redécouverts au collège. Enfin, au lycée, j’ai lu Paroles, puis bien d’autres recueils. Désormais, comme le nom de mon blog l’indique, ses vers ne me quittent plus.
Cependant, malgré cet amour fou, je ne me suis encore jamais penchée sur une biographie de ce personnage pourtant si charismatique. Bien sûr, j’ai une vision globale de son parcours, je connais quelques anecdotes concernant sa vie et l’entretien Hebdromadaires (mené par André Pozner, et paru en 1974) m’a permis de me faire une vision assez nette du bonhomme. Mais rien, finalement, qui retrace plus précisément son destin.
En bref, la bande dessinée dont je vais vous parler était faite pour moi.
Jacques Prévert, inventeur, publiée en octobre 2014 dans la collection Aire Libre chez Dupuis, est une BD dessinée par Christian Cailleaux et dont le scénario a été écrit par Hervé Bourhis. Premier tome d’une trilogie, elle évoque les années 1920 à 1930 et la rencontre de Prévert avec le milieu parisien, où il tissera des amitiés avec de nombreux artistes de l’époque. Il n’est alors qu’un jeune homme montrant un profond désintérêt pour le travail et l’obéissance, tentant de survivre tant bien que mal grâce à de petits boulots et à l’aide de ses proches.
Cet ouvrage permet de se plonger véritablement au cœur du quotidien des artistes parisiens de l’époque : les scènes sont assez courtes et percutantes, souvent humoristiques –et toujours au plus proche de la réalité. Y est notamment conté le début du mouvement surréaliste, auquel Prévert participa avant de s’en détacher, déçu par l’attitude d’André Breton.
J’ai savouré cette bande-dessinée audacieuse, aux dialogues piquants et aux illustrations soignées. En effet, chaque page offre une disposition des dessins originale, et permet une lecture bien plus fluide que s’ils avaient été confinés dans des cases.
En bref, cet ouvrage offre un plaisir à la fois esthétique et intellectuel, qui saura combler non seulement les amateurs de Prévert, mais aussi tous ceux qui apprécient les bandes dessinées dont le fond comme la forme sortent de l’ordinaire.
J’attends le tome 2 avec impatience !